samedi 1 septembre 2012

Tout prendra sens


Quand j’étais en Angleterre, je passais de longues heures à profiter de la gratuité du service Internet de la bibliothèque municipale de Cheam. L’une des dernières fois que j’y suis allée était tout juste avant mon départ pour le Canada.

Je redoutais tellement le moment fatidique où je devrais sortir du rêve pour retourner à la réalité. Cette réalité, je l’ai haï de tout mon être. Pourquoi devais-je rentrer? C’est vrai, il n’y avait rien pour moi au Québec. Plus rien ne m’y attendait, mis à part peut-être Cocotte, ma petite chatte d’Espagne, mais elle était entre de bonnes mains.

J’étais là, à la Cheam Public Library, forcée à me résigner à la triste réalité et à imprimer mon billet de retour, quand un homme d’au moins soixante dix ans interrompu le flot de mes pensées haineuses envers British Airways et leur politique bagage. Il me demanda dans un magnifique accent anglais (c’était vraiment le plus bel accent que j’avais jamais entendu) ce que j’étudiais. Il fut très surpris et heureux d’apprendre que je voulais devenir enseignante de français. Il me dit qu’il avait été, lui aussi, enseignant dans ses plus jeunes années. Il était professeur de science à l’université. Je lui demandai, par politesse, s’il avait aimé enseigner. Il prit quelques secondes de réflexion et me répondit : «Yes, I enjoyed teaching very much because I felt like I had a certain purpose in life.»

J’avais oublié cet homme et notre conversation. J’étais tellement préoccupée par le côté négatif de la fin de mon contrat d’assistante de langue, par mon retour à Montréal et par mon non-désir d’être ici que j’ai oublié tout le bien que mon expérience au Royaume-Uni m’a fait.

Ce soir, en attendant le sommeil dans mon nouvel appartement, j’ai repensé à ce bref moment de mon encore plus brève vie londonienne. Je me suis remémorée cette conversation et toute l’angoisse d’un nouveau départ non-voulu est retombée.

Deux ans, c’est tout ce qu’on me demande.
Deux ans et tout prendra sens. 

dimanche 1 juillet 2012

Neuf mois en accéléré

Prendre l’avion soulève toujours un sentiment d’excitation en nous. Vous savez, ces petits chatouillements dans notre ventre, et bien ils apparaissent bien avant le moment du décollage.

Déjà, lorsqu’on achète un billet d’avion, on commence à faire des plans, à se préparer tranquillement pour le moment où l’on partira vers une terre différente de la nôtre. Cet achat deviendra une raison de regarder vers l’avenir et de nous aider à passer à travers les semaines qui nous séparent de notre départ.

On prend l’avion pour partir en vacances. On souhaite tout abandonner, tout oublier le temps d’une semaine ou deux. On se sentira alors plus d’attaque au retour. Enfin, c’est ce qu’on croit toujours jusqu’à ce qu’on revienne chez soi. 

D’autres prennent l’avion dans le but de vivre une expérience beaucoup plus grande, beaucoup plus forte.
Comme pour vivre un nouveau départ.

Voilà pourquoi je prenais l’avion le 26 septembre 2011. Montréal était devenue trop petite pour moi et elle n’avait plus rien à m’offrir. Cette ville d’adoption que j’avais tant aimée ne cessait de me décevoir. Je ne pouvais plus m’y retrouver. Tout bougeait autour de moi, mais j’avais l’ennuyante impression d’être toujours à la même page.
Il me fallait partir.

J’ai donc entrepris les démarches pour obtenir un poste d’assistante de langue française dans une école au Royaume-Uni. J’avais besoin de me confirmer que j’étais vraiment faite pour l’enseignement du français (je venais de terminer ma deuxième année en enseignement du français langue seconde) et j’avais aussi grandement besoin de partir loin. Après tout, mon rêve avait toujours été d’enseigner le français à Londres et j’allais le réaliser à vingt et un ans.

Je me souviens parfaitement de mon départ. Ce dont je ne me souviens absolument pas, c’est d’avoir vu le temps passer pendant le neuf derniers mois. Jamais je n’aurais cru pouvoir courir contre la montre.
C’est pourtant ce que j’ai fait.

J’ai vécu en accéléré cette année. Entre les voyages, le travail, la vie sociale et la planification de leçons, je n’ai pas vu le temps filer. 
Oh, ne vous inquiétez pas, j’ai amplement profité de chaque moment.

Cette année, j’ai eu froid à Prague, lu un livre dans un café Barcelonais, passé un weekend à Amsterdam, mangé en Italie et compté les moutons en Irlande. Mais vous savez quel endroit j’ai préféré et lequel j’avais hâte de retrouver à chaque voyage? C’était mon chez moi. Mon petit appartement au-dessus du département des langues de Cheam High School.

Peut-être était-ce grâce aux gens que j’ai rencontrés, peut-être était-ce grâce au milieu dans lequel j’évoluais ou peut-être était-ce grâce à mes élèves adorés ou mes collègues, mais dès ma première semaine en Angleterre, je me suis sentie chez moi. Oui, la langue était différente, la culture n’était pas la mienne et la ville ne bougeait pas comme les villes québécoises. Oui, tout m’était différent et étranger, mais tout m’était si proche en même temps. Je ne saurai jamais expliquer le fait que j’aie pu bouger dans Londres comme si j’étais au milieu de Montréal ou même que je m’y sois sentie beaucoup plus à l’aise, mais une chose est sûre, Londres était ma ville et elle le saura toujours.

En fait, je crois que j’y ai joué un grand rôle dans cette adaptation. Cette année, j’ai découvert que j’avais l’habileté de me créer de nouveaux repères dans un milieu inconnu. J’ai pu me faire de nouveaux amis rapidement et j’ai su faire d’une ville étrangère la mienne.

Aujourd’hui, de retour au Québec, je dois réapprivoiser mes anciens repères. 
Redécouvrir une ville qui fut mienne.
La regarder avec de nouveaux yeux. 
Ceux d’une jeune adulte qui est partie loin, qui a vécu pleinement et qui est revenue. 

samedi 5 mai 2012

Dédoublement linguistique


Il y a quelques mois de cela, une collègue m’a invitée à assister au concert d’un artiste montréalais de passage à Londres. Dans le train, en route vers la station de métro, elle me racontait l’expérience qu’elle a vécue en tant qu’assistante de langue anglaise en France alors qu’elle avait mon âge.  «That was many years ago» m'a-t-elle dit en souriant.

Elle me disait avoir adoré son expérience, mais que son seul regret avait été de ne pas s’être assez imprégnée de la langue française. Elle passait tout son temps en compagnie d’une assistante de langue allemande qui parlait parfaitement anglais, alors par défaut les deux conversaient constamment dans cette langue.

Après m’avoir exprimé ce regret, elle s’arrêta un instant pour réfléchir et me dit : «But quite frankly, I didn't really enjoy speaking in French. Just because I felt I was not myself when I was speaking French.»

Elle, à l’époque, jeune assistante anglaise de vingt et un ans, ne se sentait pas en confiance lorsqu’elle devait s’exprimer en français. Sur le moment, lorsqu’elle m’a raconté ce souvenir, j’ai pensé qu’il est tout à fait normal de ne pas être pleinement confiant lorsqu’on parle une langue qui n’est pas la nôtre.

Ce n’est que récemment, lorsqu’un de mes élèves m’a demandé si je préférais parler français ou anglais que je me suis mise à réfléchir à ce que ma collègue m’avait dit. Ce qu’elle ressentait à l’époque, allait au-delà de la facilité à s’exprimer dans une autre langue et de la confiance que l'on a en nous-même lorsqu'on le fait. En fait, cela relevait d’un élément purement existentiel, à savoir le fondement de notre être.

Voyez-vous, je me suis arrêtée sur cette question (il y a tellement de pluie ici qu’il faut être créatif en matière de passe-temps) et j’y ai vu une toute nouvelle interprétation. Est-ce que notre langue définit ce que nous sommes? Ou plutôt, est-ce que le fait de s’exprimer dans une autre langue que la nôtre nous oblige à développer un tout nouvel aspect de notre personnalité, de notre être?

Si j’essaie de me souvenir de la personne que j’étais lors de mon arrivée ici en octobre, j’en vois une toute différente de celle d’aujourd’hui. C’est vrai qu’une expérience comme celle-ci ne peut faire autrement que nous changer, mais l’une des principales raisons derrière ce changement est sans aucun doute l’adaptation linguistique.

C’est vrai, en parlant soudainement plus anglais que français avec les gens qui m’entourent, j’ai dû développer un tout nouveau instinct de survie. Ayant une personnalité sociable, j’ai vite fait d’apprendre à entretenir des conversations en anglais. Si je ne l’avais pas fait, l’un de mes principaux traits de personnalité et de caractère aurait été effacé et je me serais dès lors vue malheureuse.

Voilà donc un accomplissement dont je suis fière, celui de pouvoir m’exprimer aisément en anglais. Malgré cela, je ressens et comprends parfaitement ce que ma collègue tentait de m’exprimer.

Mon vocabulaire limité, mes erreurs de grammaires et ma mauvaise prononciation de certains mots sont tous des éléments auxquels je dois penser en permanence avant de parler avec quelqu’un en anglais. Mes phrases ne peuvent pas être aussi complexes que celles que je formule en français. Aussi, l’intonation que j’utilise en anglais est beaucoup moins théâtrale ou expressive que celle qui m’est propre dans ma langue maternelle. Souvent, lorsque je raconte une anecdote à une amie anglaise, je me vois constamment interrompue par mes propres erreurs que je tente de corriger pendant mon discours. Je dois aussi souvent m’arrêter pour penser aux mots que je veux utiliser, à des synonymes de ceux-ci et à des explications de ceux que je ne connais pas afin que mon interlocuteur puisse me comprendre.

Après toutes ces constatations, je me compare maintenant à ma collègue. Oui, moi aussi, en parlant anglais, je ne suis pas la même que lorsque je m’exprime en français. Mais contrairement à ma collègue, je ne vois pas cette réalité d’une manière négative. Je ne crois pas que m’exprimer en anglais m’empêche d’être moi-même, mais m’oblige plutôt à développer une nouvelle moi ou une nouvelle partie de mon être.

Je ne sais pas ce que mon étudiant de dix-sept ans dirait si je lui révélais que parler anglais entraîne un dédoublement de personnalité chez son assistante de langue étrangère. Peut-être voudrait-il cesser d’apprendre le français ou au contraire, peut-être serait-il curieux de voir où son apprentissage de cette langue le mènerait. 

vendredi 4 mai 2012

Petite frustration passagère

Plus d'un mois avec mes élèves. Ils, tout comme moi, commencent à en prendre connaissance. Ils ont tous la même réaction: «Oh no, Miss! Why can't you stay another year?»

Pourquoi?
Et bien parce que premièrement, le Royaume-Uni ne veut pas de moi à l'intérieur de ses frontières pour une deuxième année. Ça, c'est au-delà de ma compréhension!
À quoi est-ce que ça me sert d'être sous la protection du Commonwealth, d'avoir le portrait de la Reine imprimé sur ma monnaie ainsi qu'abriter l'un de ses représentants dans mon pays si au final elle ne veut pas de moi dans le sien?

Absurde n'est-ce pas? Ai-je besoin de vous exprimer la montée d'émotions nationalistes québécoises en moi à l'instant?

Deuxièmement, l'autre raison qui m'oblige à retourner à Montréal est mon désir d'être libre et de faire des choix concernant mon avenir. Pour cela, je devrai d'abord terminer mon baccalauréat en enseignement du français langue seconde à Montréal. Après ces deux années d'études qu'il me reste à compléter, «Sky will be the limit».


samedi 21 avril 2012

L'adulte

À dix-sept ans, on n’a pas encore tout à fait conscience du brillant avenir qu’on a devant nous. Combien de fois les adultes nous l'ont répété tout au long de nos merveilleuses années d’adolescence? Au moins mille fois, sinon plus. Et combien de fois haussions-nous les épaules en indifférence? Mille fois, oui.

Comment étais-je à dix-sept ans? Physiquement, ce n’est pas trop difficile de m’en rappeler, j’étais exactement comme aujourd’hui.  Que voulez-vous, la nature a décidé de me donner une apparence d’adolescente éternelle. Non, là où les transformations ont eu lieu, c’est au niveau de mes rêves, de ma personnalité et de mes ambitions.

À dix-sept ans, j’étais plongée dans mes romans et dans mes textes dramatiques. Je faisais du théâtre en permanence. Je dis permanence, parce qu’en dehors des cours de théâtre que je suivais à l’école, je vivais ma vie au même niveau dramatique que les pièces que j’étudiais. Ah, tiens, une autre chose qui n’a pas changée.

J’écrivais aussi. J’écrivais beaucoup. Je rêvais de travailler dans le monde du théâtre. Je voulais être une artiste. Vous savez, le genre qui vie de pain, d’eau et d’art. Ouais, on ne voit pas plus loin que la semaine qu’on a devant soi quand on a dix-sept ans.

Je voulais  aussi voir le monde. Travailler en Angleterre, surtout. Je ne savais pas encore comment je pourrais réaliser ce rêve, mais il me trottait dans la tête. Voilà, à dix-sept ans, je ne croyais pas que les rêves étaient en fait réalisables. 

Paradoxalement, j’étais une adolescente timide. Je regardais le monde bouger autour de moi et j’avais peur de me jeter dans le courant. J’avais peur d’être remarquée. Voilà pourquoi je jouais un rôle. Je ne voulais pas qu’on voit qui était la vraie Alexe. J'avais peur de décevoir. Je me souviens que je voulais paraître indépendante, forte et différente. J’étais celle sur qui on pouvait toujours compter, mais qui demandait peu en retour. J’aimais passer beaucoup de temps seule avec mes idées. Je ne croyais pas que les autres pouvaient m’aider à traverser mes petits moments difficiles, parce que voyons, qui peut comprendre une adolescente de dix-sept ans?

Maintenant, je la regarde cette autre Alexe et je vois qu’elle a fait son petit bout de chemin dans la vie. Elle n’étudie pas pour devenir actrice, mais plutôt pour être enseignante de français. Ce qui revient un peu au même, si on veut. Oui, elle travaille en Angleterre. Elle a travaillé pour réaliser son rêve. Je peux donc dire qu’elle est devenue ambitieuse. Elle l'était peut-être déjà à dix-sept ans, mais avait peur de ses ambitions.

Aussi, j’ai compris, avec le temps et les différentes expériences, que c’est OK de compter sur les autres. Il n’y a rien de mal à passer un coup de fil à ses amis pour se faire remonter le moral un peu.

J’ai surtout pris conscience du fait que des personnes peuvent jouer un rôle influent sur le cours de notre vie. Ça, je l’ai compris cette année grâce à des jeunes de dix-sept ans qui sans le savoir, ont su rallumer mes ambitions, en créer de nouvelles et le plus important m’ont aidé à vivre sans trop m’inquiéter de l’avenir.  

J'ai trouvé de nouvelles muses qui m'inspirent à regarder devant moi et non à revivre le passé. 

Peut-être que l'adulte que je suis réussira-t-elle à leur faire prendre conscience du brillant avenir qu'ils ont devant eux. Mais je crains malheureusement qu'ils ne me répondront qu'avec un haussement d'épaules, parce qu'à dix-sept ans, on ne voit pas vraiment plus loin que la semaine qu'on a devant nous. 

lundi 5 mars 2012

Une absence occupée à vivre


Elles sont passées où les dernières semaines? Et le temps, lui, quelqu’un l’a vu filer? Tout ce que je sais, c’est qu’il ne me reste plus que trois mois à passer en sol anglais et l’idée de mon retour à Montréal s’efforce, bien malgré moi, à se faire une place dans mes pensées. Mais bon, n’y pensons pas maintenant.

Les cinq derniers mois auront été les plus heureux de ma vie. Je sais qu’il est un peu tôt pour faire une rétrospective de mon expérience, mais comme ça fait longtemps que je n’ai rien écrit, je me suis dit que ça compenserait un peu pour mon absence. Je ne suis pas une bloggeuse assidue. C’est, entre autre, ce que j’ai appris en ces cinq mois anglais.

En effet, j’ai réalisé que je ne suis pas une narratrice ou écrivaine, si vous m’accordez le titre, heureuse. C’est-à-dire que le bonheur, mon bonheur, ne m’inspire pas à écrire, mais plutôt à agir et à faire. Je ne juge pas le bonheur comme étant un sujet littéraire de qualité. J’ai un peu raison non? Qui, honnêtement, apprécie lire des histoires heureuses et parfaites alors que notre vie est loin de l’être?
D’accord, je n’ai vraiment aucun argument ou raison valable pour justifier mon absence autre que le fait que j’étais occupée à vivre pleinement ma vie.

Aussi, j’ai remarqué que plus rien ne me surprend ou ne me choque comme au début de mon séjour en Angleterre. Je suis chez moi ici. Tout est devenu quotidien et partie de ma réalité. Oui, je peux dire que Londres - sa vie vibrante, son accent, ses pubs, son court hiver humide et froid, son printemps en février, sa mode, ses quartiers - je peux dire que tout, ici, est ma réalité.
Vous voyez, parfois, il est mieux de lire le malheur des autres. Ça nous rend moins envieux.
Je continue?
D’accord.

En cinq mois, j’ai appris à passer du temps avec moi-même. J’ai appris à me connaître et à avoir de nouveaux rêves. J’ai surtout appris que ces rêves d’enfant que nous avons tous, et bien, il est possible de les réaliser. Il suffit seulement de fermer les yeux, de prendre une bonne inspiration et de se dire : «J’y vais.»

Avant, je rêvais de partir loin, très loin. Comme si la vie ailleurs goûtait meilleure. Maintenant, je sais que cette vie, il faut juste la laisser aller.
Elle me fait aujourd’hui voyager et grandir en regardant le présent, tout en voyant mon futur dans une tasse de thé avec un nuage de lait.  

mardi 7 février 2012

Ouf, un coup de vieux!


On sait tous que le Royaume-Uni et l’alcool vont souvent l’un avec l’autre. Ce dont on ne se doute pas, par contre, lorsqu’on habite sur le continent nord-américain, c’est que l’Angleterre a en fait un problème d’alcool. Elle ne boit pas avec modération et surtout pas sa jeune population. Bien sûr, ne généralisons pas…mais faisons-le un peu.

Lorsque j’ai abordé le sujet de la consommation d’alcool avec mes élèves, j’étais loin de me douter que je ne les regarderais plus jamais de la même manière. Je crois qu’il m’est soudainement approprié de dire : «Dans mon temps, on ne buvait pas autant.»

Oui, du haut de mes vingt-deux ans tout neufs, je me suis sentie vieille. Pire encore, je me suis sentie d’une toute autre époque où l’on consommait de l’alcool pour tout simplement en apprécier le geste et l’expérience de boire un verre entre copains.

Aujourd’hui, en sol anglais, les jeunes consomment de l’alcool pour être saouls et pour volontairement se mettre dans un état des plus vulnérables possibles. Ils sont inconscients des dangers qu’une trop grande consommation d’alcool pourrait leur apporter. Il y a même un nom pour ce nouveau phénomène : le Binge Drinking. Cela consiste à boire le plus d’alcool possible, le plus vite possible. On veut être saoul, à tout prix!

Lorsque j’ai demandé à mes élèves pourquoi les jeunes anglais buvaient autant, ils m’ont répondu que c’était pour oublier le stress de l’école et des demandes d'admission aux universités. Je ne sais pas jusqu’à quel point cette raison est vraie et valable, mais je la trouve triste. Se servir de l’alcool comme échappatoire quand on a seize ans se rapproche beaucoup de l’alcoolisme. C’est alarmant.

Maintenant très touchée par le sujet, je m’intéresse à tout ce qu’on dit à propos du Binge Drinking en Angleterre. Je me suis même mise à suivre une série documentaire sur le sujet : Party Paramedics (Channel4). On y voit de jeunes anglais dans des moments glorieux de leur vie ­–  au cas où vous ne vous en doutiez pas, cette phrase est sarcastique – apprendre à la dure les effets d’une consommation excessive d’alcool. Lorsque l’équipe de production leur demande pourquoi ils boivent autant, les jeunes fêtards expliquent qu’ils travaillent du lundi au vendredi, sont stressés ou ennuyés par leur emploi et quand vendredi arrive, ils veulent tout simplement passer du bon temps et oublier la semaine qui vient de s’achever. Ils travaillent alors pour les weekends et ils boivent pour oublier qu’ils travaillent.

Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour mes élèves qui boivent déjà pour oublier l’école. Que se passera-t-il lorsqu’ils seront sur le marché du travail et que la présente récession les obligera à trouver un emploi ennuyant ou à vivre sur l’assurance sociale? J’imagine qu’en tant que leur assistante de FLA, je n’y peux absolument rien. Je peux seulement les écouter me raconter leurs weekends et tenter de leur donner des conseils sensés. Oui, à vingt-deux ans, on peut maintenant parler d’expérience et veiller à ce que nos élèves prennent la bonne direction.

Mais les ados, resteront toujours des ados. Ils faut donc les laisser aller et s’en détacher tout en leur faisant confiance.